Goa, ou le temps suspendu...
Les photos de Goa
Jaipur, la ville rose
Nous quittons Agra et ses contrastes, pour Jaipur, la capitale du Rajasthan, territoire des Maharajas. Sur le chemin, nous visitons la ville fantôme de Fatehpur-Sikri, ancienne capitale mogol du royaume. Ici nous découvrons une architecture influencée par la culture musulmane, où se mêlent les perspectives et couleurs vives, qui font le bonheur de la photographe que je suis. Jeux d'ombres et lumiere, profondeur de champ...
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. L'arrivée à Jaipur est à nouveau une surprise. Après Agra et son chaos ambiant, nous découvrons une ville moderne, tournée vers l'éducation ; écoles et universités arborent les artères principales de la ville. Le chauffeur nous indique que la ville est séparée en deux parties : la nouvelle ville, tournée vers le progrès et le modernisme, et la vieille ville, plus traditionnelle, coeur de notre visite du lendemain.
Notre épopée sur les terres des Maharajas débute par une aventure unique en son genre, puisque nous faisons l'ascension du fort d'Amber, à dos d'éléphant. Pour l'occasion, notre copine Dolores nous a rejoint. Décidée à ne plus voyager seule, elle a invité 2 copines à elle : Nadine et Brigitte. Imaginez 2 secondes la scène : les 3 pintades du sud-ouest à dos d'éléphant pendant 30 minutes. Nous pouvions lire la stupeur, l'étonnement et l'amusement dans les yeux de nos voisins. Nos perruques ont fait fureur auprès des autochtones, à croire qu'ils n'en avaient jamais vus, puisqu'ils étaient prêt à nous les racheter. "Dolores is not for sale gentlemen!"
Bref, après avoir fait sensation pendant quelques minutes, nous avons repris notre sérieux et visité cet édifice majestueux surplombant la ville, séparé de cette dernière par des remparts, un peu à l'image de la grande muraille de Chine. La légende veut que les guetteurs de la muraille propageaient de la musique de tour en tour pour prévenir le Maharaja d'un danger imminent.
Le reste de la journée se poursuit par la visite de l'ancienne ville. Celle-là même que l'on surnomme ici, la ville rose. Pour les 3 toulousains que nous sommes, cela prête à sourire. Et il est vrai que cette partie de Jaipur est entièrement recouverte de rose. Nous ne sommes pas sur les mêmes teintes que Toulouse, mais le paysage monochrome est tout aussi saississant. Nous y faisons la visite du palais de la ville, demeure actuelle du Maharaja en poste (si si ils existent encore! Pour vous faire une idée, c'est un peu comme le prince Albert chez nous, mais avec moins de tunes quand même!). Nous visitons également l'observatoire à ciel ouvert, construit par un des anciens Maharajas, au nom imprononçable, dans lequel nous retrouvons le plus grand cadran solaire du monde. Ici, nous apprenons que l'astronomie et l'astrologie ont joui, et jouissent encore aujourd'hui, d'une place prépondérante dans la culture indienne. Le métier d'astrologue par exemple, est un métier respecté et très important, encore aujourd'hui. Chaque couple indien qui souhaite se marier, est sensé consulter un astrologue, qui fixera la date du mariage, en fonction de la position des planètes. Etranges usages pour les profanes que nous sommes, mais coutumes qui semblent profondément ancrée dans la foi hindoue. Nous finissons la visite de la ville par le palais des vents, dont la façade jonchée de multiples alcôves est tout à fait particulière et unique. Autre relique de certaines coutumes ancestrales rétrogrades pour notre époque, puisque ces alcôves, très caractéristiques de l'architecture mogol, permettaient de cacher la beauté des femmes et ainsi éviter les guerres. Comme si la femme était source d'ennuis!
Photos Qutub Minar à Delhi
Agra, la ville-contraste
Agra, la ville d'une des plus belles promesses qui soit, le symbole d'un romantisme de jadis, oeuvre majestueuse, que l'on ne pensait pas pouvoir toucher un jour... Mais avant de pouvoir contempler cette merveille du monde, au lever du soleil, comme pour mieux appréhender la beauté de ce lieu unique, il faut déambuler quelques heures dans la ville de presque 2 millions d'habitants ; ce bidonville à ciel ouvert. Le contraste avec Delhi est saissisant. La misère est partout, à chaque centimètre carré. L'air y est beaucoup plus respirable que dans la capitale, mais le mot "pauvreté" prend ici toute sa dimension. Le noir et la crasse dominent les rues, dans un bruit de Klaxon incessant. Il n'y a pas un quartier ou même une seule rue qui semble se démarquer de ce paysage monochrome. Les seules couleurs qui paraissent sont celles portées par les femmes en Sari. Toujours ces regards profonds et insistants. Un malaise s'installe. Difficile de déambuler seuls dans les rues d'Agra. Le chauffeur nous le confirme.
Ville contraste, vous l'aurez compris, parce qu'ici, à quelques centaines de mètres, trône, majesteux, un chef d'oeuvre architectural, une beauté de l'âme, une des plus belles preuves d'amour qui soit : le Taj Mahal. Cadeau de Shah Jahan à sa défunte épouse Mumtaz Mahal, qui ne pouvant se remettre de son départ soudain, (elle donnait naissance à leur quatorzième enfant tout de même!), lui fit construire, après 22 ans de travaux acharnés, le plus beau mausolée du monde et se fit enterrer à ces côtés.
J'avoue avoir rarement eu le souffle coupé face à autant de beauté. Le temps semble suspendu. Ce qui frappe, au-delà du caractère grandiose de l'édifice, c'est la situation d'ensemble. Une allée de bassins, dans lesquels se reflète l'élégant tableau de marbre blanc, qui mène au sacro-saint tombeau. Nous pourrions nous dire, si nous étions chauvins (ce que nous ne sommes que très rarement...), que nous, en France, nous avons "Versailles"! Il est vrai. Mais rien de comparable à mes yeux. Versailles, c'est une masse dorée, qui s'impose, qui brille et scintille avec des décennies d'Histoire de France et d'histoires tout court ; une avant-garde du bling-bling à la francaise, un site majestueux (au sens premier du terme), qu'il faut voir une fois dans sa vie. Mais le Taj Mahal, c'est autre chose. C'est la grandeur, l'élégance et la sobriété en même temps. C'est peut être le symbole du romantisme par excellence. Un oasis préservé, dans une ville où règne un chaos poussiéreux. Un contraste certain.